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Le livre des boudous
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5 février 2010

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Je peux te parler des boudous si tu veux. Ce sont de petits hommes qui vivent dans les bois, mais toujours non loin d’une rivière. Les hommes craignent les boudous, parce qu’ils les prennent pour des petits lutins malfaisants, et ça tombe bien, personne n’ira les détromper, ça les tient à l’écart. Les boudous sont des petits êtres très intelligents qui ont très vite appris à ne pas se montrer et à toujours se méfier de l’espèce des hommes, ces pignoufs qui ne savent pas quoi faire de leur corps tellement il est grand, et qui se promènent sur la terre comme si elle leur appartenait. Les boudous se tiennent donc toujours cachés des hommes, et si par hasard ils se font surprendre ils mettent un point d’honneur à leur jouer une petite farce de leur acabit histoire de perpétuer la légende et de les tenir loin. Ou de faire passer l’homme qui la racontera pour un fou ou un illuminé.
Au fond ils ne sont pas mauvais, loin de là, ils veulent juste vivre tranquillement, sans être embêtés. En règle générale les boudous n’ont pas d’ennemis… Aucun insecte ne s’aventurera à attaquer un boudou, souvent plus grand, toujours plus rapide et mieux armé, et très peu de mammifères essaient d’en faire leur déjeuner. Les plus vieux et plus sages boudous expliquent aux petits que leur sang est très mauvais au goût, que les animaux intelligents le savent et qu’ils ne s’amusent donc pas à le verser… Il y a juste quelques imbéciles dont il faut se méfier, il y en a toujours dans chaque espèce, et surtout, surtout, éviter les poules, qui mangent n’importe quoi et ne réfléchissent jamais. Mais très peu de poules vivent de par chez les boudous, à part les poules d’eau, qui ne sont pas vraiment des poules, mais plutôt des canards qui auraient pris la forme d’une petite poule noire, histoire de passer inaperçus devant les chasseurs… Il faut avouer qu’ils auraient l’air ridicule de passer toute une journée dehors avec chien et fusil pour revenir avec une poule dont on a plein le jardin ! Enfin pour revenir au sujet un boudou adulte ne craint à peu près rien ni personne, à part les hommes et les imbéciles. Et les poules.
Ils vivent dans un tronc d’arbre, seul, en couple ou en famille. On dit que l’arbre qu’ils élisent comme domicile est béni, ce qui n’est pas tout à fait vrai car les boudous ne bénissent rien du tout. Disons plutôt qu’ils portent bonheur, ou qu’ils vitaminisent… En tout cas ça n’a jamais été vérifié, mais c’est vrai qu’on peut remarquer qu’un arbre habité de boudous est souvent plus grand, plus sain, avec des feuilles qui sont vertes plus longtemps à l’automne, et un feuillage plus fourni au printemps…. De là à parler de bénédiction… Peut-être juste que les boudous sont des esthètes, et qu’ils choisissent d’instinct l’arbre le plus beau… Allez savoir… Toujours est-il que leur logis, lui, reflète tout à fait ce goût du beau. On y entre par un tout petit trou dans le tronc. Vraiment il faut être très vigilant pour le découvrir, il est minuscule. Les boudous se faufilent très rapidement et à l’intérieur, mine de rien, c’est tout joli, tout douillet, parce qu’ils sont bons bricolos et fins artisants, ils font pleins de choses magnifiques avec rien. Les murs sont sculptés et gravés. Il y a plusieurs pièces séparées de portes à fenêtres, chacun de leurs intérieurs recèlent de minuscules trésors, éclairés de-ci de-là par de multiples petits trous creusés dans l’écorce de l’arbre. Ils aiment ce qui est doré, et leurs logis sont très lumineux malgré les petites ouvertures… Ils y vivent en famille, mais très vite les enfants se font leur propre trou, dans un tronc situé non loin. Car un logis chez les boudous est très important, et se prépare très longtemps à l’avance. Dès qu’ils sont en âge de creuser, ils creusent, avec beaucoup de bonne humeur et un grand sens de l’importance de leur geste. Quand ils sont assez doués de leurs mains et propres à sculpter les parois, ils sculptent. Ce qui donne des murs souvent plein de dessins naïfs et bizarres, puis de plus en plus perfectionnés. Et dès que leur logis est habitable, ils s’y installent, tout fiers… Comme peu de dangers guettent les boudous, même enfants, les parents ne craignent pas de leur laisser rapidement leur indépendance, tout en gardant un œil perçant sur leur petit trou, et en espérant que peu d’alcool de mûre entrera derrière l’écorce…

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